vendredi 17 avril 2020

L'Anglaise à Rayures Citron


Bon, me revoilà avec ma couture XVIII.
J'avais très envie d'essayer ce magnifique patron tout frais pondu de "Creating Historical Clothes" que j'avais un peu galéré à dessiner mais qui, à part deux ou trois ajustements mineurs, tombe parfaitement. Par contre, la manche a été une autre affaire. Elle était un peu étroite car j'ai des bras assez ronds, un peu courte car elle n'arrivait pas à la pliure du coude, et ce fameux "creux de coude" était trop tourné vers l'intérieur; je ne parle même pas de la pince de coude. J'ai fait deux toiles avant que ça ne tombe comme je le voulais et encore, je n'en suis pas entièrement satisfaite, ça tire un peu au montage mais rien d’irrémédiable.

Recopié au propre avec les marges de coutures, j'ai soigneusement gardé le prototype.
J'ai choisi cet adorable coton jaune citron et blanc mais si vous regardez  attentivement, on voit de fins liserés gris entre chaque rayure. Je l'aime vraiment beaucoup et j'en ai environ 11 mètres.



Suffisant, pensez-vous? Alors 11 mètres... en 90 de large. C'est du vieux, les laizes étaient plus étroites. Toutefois, je me disais moi aussi que ça irait jusqu'à ce que je me rappelle de son petit défaut en le dépliant:


Il a de jolies traînées de rouille -ou je ne sais quoi- sur plusieurs endroits et de préférence en plein milieu de la laize. Quand je l'avais récupéré chez ma mère, je m'étais empressée de le traiter à la Rubigine mais ça n'avait pas eu l'effet escompté. Quelques taches infimes ont disparu, d'autres se sont estompées mais les plus grosses et voyantes sont toujours là. Est-ce vraiment de la rouille? Aucune idée mais je n'ai pas pu mieux faire.
J'aurais pu changer d'avis mais non, dans ma tête, elle est dans ce tissu et puis c'est tout!!
J'ai donc dû pas mal feinter pour la coupe. Comme par exemple en prenant en compte que la jupe dos serait cachée donc que je pouvais utiliser les parties les plus tachées, que le plissé du manteau de robe dissimulerait les petits pointillés, que le bas serait coupé en biais sur le devant... bref, j'ai triché comme j'ai pu mais ma robe ne sera pas exempte de taches. Minuscules pour les plus visibles si je m'y prends bien.
Donc avant toute chose, j'ai coupé toutes mes pièces du mieux que j'ai pu, sans oublier d'étiqueter tous ces rectangles (traîne de manteau et jupe) pour ne pas m'emmêler les pinceaux!


J'ai doublé mes pièces de corsage avec de la popeline blanche, pour renforcer la tenue sans le raidir mais aussi pour ne pas que l'on voit les surplus de couture par transparence. J'ai aplati et cranté mes coutures avant de fixer à grands points les valeurs sur le corsage.



Puis j'ai monté les manches. J'avoue avoir un peu salivé pour faire quelque chose de correct mais je pense ne pas avoir placé correctement les plis plats de l'emmanchure, ça tiraille et tourne un peu mais tant pis. J'ai aussi fait sauter la pince de coude, je n'aime pas ça. Puis j'ai rabattu la doublure, cranté les valeurs et cousu à petits points lancés à l'intérieur. Je n'ai pas fait de plis plats avec la doublure, j'ai préféré la froncer légèrement parce que ça faisait une sorte de boule aux épaules, je n'aimais pas ça non plus.


Ensuite, j'ai fixé les couloirs à baleines (deux morceaux de sergé cousu l'un sur l'autre) sur les valeurs de couture, à grands points là aussi. Je les ai laissés ouverts en bas car je mettrai les baleines au dernier moment et je les fermerai de manière à les défaire facilement si je dois laver la robe. Qui n'aura pas de doublure à proprement parler.



Puis j'ai fini le bas des manches avec un petit point, histoire que la doublure ne bouge plus.


C'est tout pour l'instant, d'autant que je n'ai pas fait que ça et pas en un jour, certainement.
J'avais prévu de décorer la robe avec des plis dans le même tissu comme pour celle-ci :

Robe à la Polonaise, American, 1780–85, silk. © 2000–2016 The Metropolitan Museum of Art.

Ou comme cela: 
Polonaise très connue conservée au K.C.I

A la différence que cette robe-ci n'est pas une Anglaise portée retroussée à la Polonaise mais bel(le) et bien une robe à la Polonaise. Je cite l'article de Costumière Hystérique dont j'apprécie grandement le blog, et qui connait ce sujet sur le bout des doigts ou presque : 

"On donne aujourd'hui le nom de polonaise à tous les types de robe dont les jupes se relèvent dans le dos, que ce soit du costume XVIIIème ou 1870. En ce qui concerne le XVIIIème, on l'utilise aussi pour parler des anglaises relevées en polonaise.
Mais à l'époque, le seul type de polonaise connu sous ce nom, c'est celui qui suit. Les robes ne sont faites QUE pour être portée relevées, le devant s'ouvre sur une pièce d'estomac particulièrement large (d'ailleurs, le devant doit "bailler" par dessus la pièce d'estomac et non pas y être scrupuleusement attaché), et la robe se fait en taillant des pièces haut et bas d'un seul morceau (je sais, ce n'est pas super clair. Pour schématiser beaucoup : pour une anglaise, on taille les morceaux du corsage, on les assemble, et ensuite, on coud la jupe sur le corsage ; pour la polonaise, on taille 4 morceaux, c-à-d 2 devants qui vont des épaules aux chevilles, et 2 dos idem."



Bref, je voulais faire ce genre de déco, en plus étroit, mais après avoir coupé entre les taches, il ne me reste pas grand-chose. Jouable mais compliqué. Alors que je pourrais aussi prendre ce voile de coton  rayé utilisé pour la nouvelle jupe de mon Anglaise aux fleurs bleues de la même manière que Before The Automobile (j'aime son travail, j'admire sa beauté et son talent, elle me fait rêver) sur sa Polonaise à Coqueluchon ("capuche").


Bon, la sienne est en taffetas de soie et ses garnitures sont en gaze de soie, je ne me vois pas mettre de la gaze de soie sur mon vieux coton. Alors on restera sur le voile de coton rayé si je poursuis dans ce style.

A bientôt!






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